Nous avons, je pense, deux vies parallèles.
La première le jour, aux yeux de tous, la seconde, plus mystérieuse, la nuit, faite de rêves, cauchemars et insomnies. De ces songes au clair de lune, des contrées inconnues s’ouvrent à nous. Parfois je retourne errer dans des palais dont je connais les couloirs, hors de la vérité où l’invention inconsciente frôle la psychanalyse peuplée de chimères.
Mes obsessions tournent dans ma tête et hantent mes nuits blanches. En m’agrippant à ces fantasmes j’ai construit une collection guidée par l’écriture automatique pour retranscrire ce subconscient au présent et basculer le rêve dans la réalité.
Le lampadaire Mirage, colonne de plâtre ondulée donc les courbes asymétriques sont abritées par un abat-jour de paille volant de ses propres vagues à l’âme. Les serpents se glissent dans notre subconscient, symboles érotiques, ils se transforment ici en assise, la chaise Serpentine. A l’allures mythologique, deux reptiles de bronze s’entrelacent pour accueillir un nébuleux passant dans ses sangles de cuir clouté. Quatre cobras de bronze bruni s’entrecroisent pour soutenir une plaque de marbre veinée formant ainsi la table basse Hédoniste, quatuor d’Alexandrie ou Justine pourrait perdre ses esprits.
Figure étrange d’une réminiscence de l’ile de Pâques ou des pyramides aztèques, des fantômes de plâtre blanc s’accroupissent sur le sol pour se transformer en bibliothèque Taboue ou fleurissent des cactus dans leurs cerveaux vidés d’idées noires.
Observés par le miroir Narcisse aux profils ying et yang de bois dorés qui reflètent à l’infini leurs regards percés d’une corde, accrochés tels des trophées à une clef des songes. Un cercle d’or éternel s’élève dans le ciel emportant avec lui deux cornes d’abondances de craie blanches, arome illuminé qui forme ainsi un lustre Vertigo.
Sur plancher, une souris rit de se voir si jolie, de sa forme de bronze sombre, elle s’éclaire à la chandelle. Le poisson essaie de l’imiter, manquant de s’étrangler de sa bougie, plus habitué à l’eau qu’au feu. Ses écailles verdies, bronze aux reflets d’or appellent désespérément sa compagne, l’Autruche qui arbore la meilleure ciselure, protégeant sont œuf aux reflets ambrés par une plume vert de gris. Elle perd la tête malgré sa flamme incandescente. Un cheval de céramique blanche et noire sort sa tête du mur pour éclairer nos angoisses embrumées tel une lanterne dans le crépuscule. L’applique Pégase peut s’envoler. Le rêve touche à sa fin et je suis emporté dans un rodéo endiablé sur le buffet Buffalo de bois blond essayant pour la dernière fois de ne pas tomber je me réveille étonné dans mes draps froissés.