Tanara Stuermer

Photographe

C’est à travers des études de la théorie de l’image pendant ses études d’histoire dans le sud du Brésil que Tanara Stuermer découvre le pouvoir documentaire de la photographie. Elle commence à photographier en 2009 et s’intéresse d’abord à la photographie de rue, explorant dans ses images, les moments de vie et de solitude à Rio de Janeiro, la ville où elle réside depuis 18 ans.

Elle défie aujourd’hui certaines limites de la photographie avec la juxtaposition de tirages opaques et translucides qui se chevauchent. Cela lui permet de mettre en évidence dans la série “Altinha”, les mouvements des corps dans l’image et de restituer ce qu’elle ressent devant le spectacle du football de plage à Rio de Janeiro. Avec cette série, elle remporte le prix FotoRio Révélation en 2023. Son œuvre intègre la collection « Un fonds photographique brésilien » de la Bibliothèque Nationale Française.

« L’Altinha est un jeu populaire qui se joue sur les plages de Rio de Janeiro : Ipanema, Leblon, Copacabana, Leme, etc… Ce jeu consiste à garder la balle en l’air, sans que les joueurs ne puissent utiliser leurs mains. Ce sport carioca par excellence est apparu dans les années 1960 et se joue de préférence près de l’eau, là où les pieds ne risquent pas d’être brûlés par le sable chaud. J’ai toujours aimé regarder ce sport. Dès le début, j’ai trouvé magnifique l’esprit de solidarité qui relient les joueurs. Ils ne sont pas en compétition. Il n’y a pas de rivalité. Ils ont tous un même objectif, ludique : ne pas laisser la balle toucher le sol. »

« J’ai obtenu une narration, une chorégraphie, comme si elle était rythmée par le battement d’un tambour, dans un mouvement qui se multiplie en une seule image. »

« J’ai alors superposé ces photographies avec des tirages sur papier calque, dans des coupes qui isolent les corps et les mouvements, puis j’ai associé les images dans des scènes qui projettent une force hallucinatoire. »

« J’ai cherché à décomposer l’Altinha en séquences inspirées des travaux d’Eadweard Muybridge et d’Étienne-Jules Marey. Aujourd’hui, pour moi, L’Altinha et la Capoeira (cet art martial afro-brésilien qui s’apparente autant à un art martial qu’à une danse) se sont finalement rejointes. Toutes deux sont rassembleuses, inclusives et démocratiques ; toutes deux requièrent flexibilité, adaptation et harmonie. Ce sont des activités qui créent des relations de solidarité et d’égalité entre les athlètes. » Tanara Stuermer

Exposition